Alors que la Suisse avance à petits pas vers une régulation du cannabis, le canton du Tessin freine des deux pieds. Malgré un cadre légal en place depuis 2021 pour des ventes à petite échelle sous contrôle, les deux nouveaux projets d’expérimentation locale sont aujourd’hui coincés en zone grise politique.
Le Tessin : un pas en arrière après 10 ans de travail
📜 L’histoire de la légalisation expérimentale dans le Tessin remonte à 2016. Et ce n’est qu’en mars 2025, soit près d’une décennie plus tard, que le Grand Conseil a voté sur la motion 1222, censée soutenir ces essais.
Sauf que… la version finale du texte ne faisait que « suivre les projets existants ». Et même cette version édulcorée a été rejetée, faute de consensus politique.
TiCann SA : le projet en stand-by
L’un des projets phares, baptisé « Cannabis au Tessin », est mené par TiCann SA, société créée spécialement pour cette étude régionale. L’objectif ?
👉 Observer les modes de consommation, les effets sur la santé publique et les impacts sociaux d’un marché du cannabis légal.
Le projet a obtenu l’aval éthique et attend le feu vert de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).
S’il est validé, TiCann supervisera la distribution, l’Université de Saint-Gall pilotera la recherche, et Areté Solutions s’occupera de la partie réglementaire. Bref, une machine bien huilée… qui reste pour l’instant à l’arrêt.
Un passé… et un futur incertain
🥀 Le Tessin a une histoire particulière avec le cannabis : au début des années 2000, les fameux « canapai » (magasins de chanvre) y avaient fleuri, dans une zone floue légale. Depuis, les autorités ont repris le contrôle, mais le sujet reste polarisant.
Aujourd’hui, le rejet de la motion montre que les blocages politiques restent forts, malgré une évolution nationale favorable à l’expérimentation encadrée.
Le débat : entre peur de banaliser et volonté d’innover
La discussion au parlement tessinois a été tendue.
🎙 Laura Riget (PS Suisse) : « Refuser la réalité n’aide personne. Ces projets sont structurés et visent une régulation responsable. »
⚠️ Lara Filippini (droite majoritaire) : « Ces tests banalisent la consommation et encouragent un passage à des drogues plus dures. »
Même le ministre de la santé Raffaele De Rosa joue la carte de la neutralité :
💬 « C’est à l’OFSP de juger de la validité scientifique des projets. »
Et maintenant ?
Le Grand Conseil tessinois a voté contre la motion (46 contre, 35 pour).
Concrètement, cela veut dire que les projets ne bénéficieront d’aucun soutien local, mais l’OFSP pourrait quand même les valider.
🇨🇭 En vertu de l’article 8A de la loi suisse sur les stupéfiants, l’OFSP a l’autorité pour approuver des essais sans accord cantonal… même si la loi recommande une concertation locale.
En résumé
🧩 Le Tessin a raté une occasion de s’aligner sur l’évolution nationale et européenne autour du cannabis légal encadré.
Alors que d’autres cantons avancent, le sud de la Suisse reste divisé, coincé entre peur de l’ouverture et besoin de données locales.
La balle est désormais dans le camp de l’OFSP. Le futur des essais tessinois dépendra de sa décision. Affaire à suivre… 🌱